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vendredi 20 décembre 2013

Fermeture annuelle du cabinet de rééducation de l'écriture

Le cabinet de rééducation de l'écriture d'Obernai sera fermé pour congé de fin d'année du 23 décembre 2013 au 4 janvier 2014

Pour les rééducations en cours, n'hésitez pas à laisser un mail en cas de question sur les exercices en cours (ou pour me donner des nouvelles de vos progrès, ça me fait toujours plaisir). Nous nous retrouverons aux dates prévues en Janvier.

Pour les nouvelles demandes de rendez vous merci de me recontacter par téléphone au 0786570178 à la rentrée, à partir du 6 Janvier, ou de me laisser un message par mail : info@sos-ecriture.fr

Bonnes vacances et fêtes de fin d'année à tous.

vendredi 13 décembre 2013

Conférence écriture et dysgraphie à Barr le 20 décembre

Conférence à la Médiathèque de Barr Le 20 décembre 2013, à 19h


L'écriture et l'enfant, prévenir la dysgraphie

Parents d’élèves et enseignants sont invités, et plus largement toute personne concernée de  près ou de loin par l’échec scolaire et les handicaps « dys », en parliculier la dysgraphie.
L'apprentissage du geste graphique commençant dès la Petite Section, il serait dommage que les parents des très jeunes élèves n'assistent pas à cette conférence.

Pourquoi cette conférence ?



Je fait cette conférence à l'initiative des parents d'élèves:

  • Parce qu'il vaut mieux prévenir que guérir et qu'une difficulté d'apprentissage du geste d'écriture risque très tôt d'hypothéquer la réussite scolaire des enfants.
  • Parce que les enseignants sont souvent démunis quand un problème de dysgraphie se présente. Ils ressentent alors souvent le besoin d'un complément d'information.
  • Parce que parents et enseignants sont les mieux placés pour aider les enfants.
  • Parce que des solutions existent pour aider les enfants dysgraphiques.
Durant cette conférence, je commencerai par aborder des fondements de l’acquisition de l’écriture cursive chez les petits. Une fois ces points explicités, je pourrai aborder le déroulement de l'écriture. Il me sera alors possible d’évoquer la dysgraphie, ses symptômes, ses causes, et les moyens d’y remédier.

jeudi 5 décembre 2013

Rééducation de l'écriture au collège

Voici un exemple de rééducation de l'écriture cursive d'un élève de collège en quatrième.

Notez les nombreuses reprises au correcteur blanc faites ultérieurement sur le premier échantillon d'écriture. La lisibilité initiale est assez moyenne. Sans qu'on puisse parler de dysgraphie, de nombreux problèmes d'apprentissage de l'écriture manuscrite rendent la production écrite laborieuse. En six séances (étalées d'octobre à mars), l'écriture cursive s'est nettement améliorée, correspond plus aux attentes scolaires et est plus gratifiante pour l'élève.

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mercredi 4 décembre 2013

L'éducation nationale audite l'enseignement de l'écriture

tables écolier écriture
L'inspection générale de l'éducation nationale vient de publier une analyse décapante de l'enseignement de l'écriture manuscrite en France. Les pratiques observées par les inspecteurs montrent que malgré la bonne volonté des enseignants, l'écriture cursive reste le parent pauvre des enseignements élémentaires.

D'après le rapport de l’inspection générale intitulé "Bilan de la mise en œuvre des programmes issus de la réforme de l’école primaire de 2008", les mauvais résultats de l’école primaire française qui n’apprend à lire et à compter qu’à 80 % des enfants, ont des racines plus profondes que la seule mise en cause des programmes.

Entre autres, la formation des enseignants, et le temps alloué à l'apprentissage de l'écriture cursive sont mis en cause. Extraits du rapport:

"Les facettes très différentes de l’écriture sont toutes importantes pour la suite de la scolarité, y compris la plus élémentaire d’entre elles, l’apprentissage du geste graphique rapide et sûr pour tracer les mots en écriture cursive.
Apprendre à écrire au cycle 2, c’est aussi bien apprendre à coder des mots (activité symétrique du déchiffrage dans l’acquisition d’une expertise avec le code de la langue), à écrire des mots ou des phrases sous la dictée, à copier des textes ou à les transcrire (en transformant le plus souvent un texte imprimé en une version manuscrite en écriture cursive) ; c’est enfin apprendre à rédiger, à construire des phrases correctes et des textes cohérents. 
92 % des maîtres interrogés estiment travailler de manière satisfaisante la copie, et 94 % la dictée. Pour la rédaction, ils ne sont plus que 52 % à porter ce jugement favorable sur leurs pratiques. Si les cahiers des élèves permettent de vérifier que cette dernière affirmation correspond aux réalités, les écrits n’attestent pas nécessairement un enseignement rigoureux du geste d’écriture. L’observation en classe met en évidence que l’écriture cursive et les pratiques de copie sont souvent mal fixées, avec les conséquences en matière de lenteur et  d’approximations graphiques que cela aura inévitablement à plus ou moins long terme. (...) On n’accorde guère d’importance à ces tâches qui relèvent d’un rite scolaire et ne sont pas perçues dans ce qu’elles peuvent avoir de formateur. La préconisation des programmes de 2008 de faire rédiger des phrases, et pas immédiatement des textes, a libéré certains maîtres qui disent se sentir plus à l’aise pour demander à leurs élèves de produire des écrits dès le CP. Dans de nombreuses classes, des images inductrices sont données pour que chaque élève ait « quelque chose à dire ». De l’image unique (qui, par exemple, soutient la rédaction d’un portrait) à la série d’images séquentielles qui induit un récit, le passage est franchi en cours de CP. Les récits de vie sont peu sollicités mais on en trouve dès cette classe (« raconte ce que tu as fait pendant les vacances de Noël » ; « raconte ta plus grande peur »). Mais dans ce domaine comme dans d’autres, l’enseignement est très limité : les élèves sont mis en situation de produire et, sans travail supplémentaire de leur part, leurs propositions sont mises aux normes orthographiques par le maître et l’activité s’arrête là."

Cette analyse de l'inspection générale rejoint complètement l'observation que je fais chaque fois que je travaille avec les enseignants : La plupart me décrivent leur frustration par rapport à leur formation initiale qui ne met qu'exceptionnellement l'accent sur une méthode d'apprentissage de l'écriture cursive. Si la majorité d'entre eux a évidemment développé sa propre progression pour initier les élèves à l'écriture manuscrite, ils sont parfois désemparés par l'absence de modèles ou d'outil fournis par l'éducation nationale. Et encore plus pour aider les élèves en difficulté.

Pour aller plus loin:
le rapport de l’inspection générale: "Bilan de la mise en œuvre des programmes issus de la réforme de l’école primaire de 2008"

 

samedi 30 novembre 2013

Dysgraphie en hindi, dysgraphie en anglais

écriture manuelle hindi
Les troubles d'apprentissage de l'écriture ne se limitent pas à notre alphabet romain. Nous avions déjà évoqué les travaux de l'université de Taïwan sur la dysgraphie en chinois. C'est au tour d'universitaires du Rajasthan de nous fournir un aperçu des difficultés d’apprentissage de l'écriture en Inde.

En inde du Nord l'enseignement élémentaire s'effectue soit en Hindi, en utilisant l'écriture cursive Nagari, soit en Anglais (en utilisant l'écriture script). L'écriture manuscrite Nagari comporte un certain nombre de difficultés spécifiques pour les jeunes scripteurs, essentiellement liées à sa méthode particulière d'accentuation, et aux nombreuses levées de crayon nécessaires. C'est une écriture quasiment phonétique, où un symbole représente toujours le même son. L'unité de base — appelée akshara (अक्षर signifiant « lettre, caractère ») — est constituée soit d'un groupement d'une ou plusieurs consonnes consécutives éventuellement suivies d'une voyelle, soit d'une voyelle seule. Lorsqu'une voyelle suit une consonne, elle est représentée par un signe diacritique attaché à cette consonne.

écriture manuscrite devnagari


Akhil Dhanda et Tushar Jagawat ont fait une étude transverse sur un peu plus d'un millier d'élèves pour déterminer la prévalence des troubles d'apprentissage, dont les troubles de l'écriture. Leur conclusion est qu'environ 20% des élèves indiens souffrent de dysgraphie. Ce résultat est plus élevé qu'une étude réalisé en Inde du Sud par V. Moqasale, qui avait trouvé une prévalence de 12%.


Les auteurs notent une différence sensible de la prévalence de la dysgraphie entre les élèves ayant reçu un enseignement de l'écriture manuscrite anglaise et ceux pratiquant l'écriture manuscrite nagari. Les élèves écrivant en alphabet romain script ayant de meilleurs résultats que ceux écrivant en cursive en hindi. Ils notent néanmoins qu'il peut y avoir un biais méthodologique, car l'enseignement privé en anglais pourrait être plus élitiste et pratiquer une sélection à l'entrée sur la qualité de l'écriture.

Par ailleurs les auteurs notent aussi que leur méthodologie d'évaluation  pourrait être améliorée par l'usage de test normalisés d'évaluation de la dysgraphie.

Cet article montre que les difficultés d'apprentissage liées à l'écriture manuscrite concernent une part importante des élèves, dans des systèmes éducatifs très divers.



Bibliographie :

Prevalence and Pattern of Learning Disabilities in school children
A Dhanda, T Jagawat - Delhi Psychiatry Journal Vol 16 N°2 pp386-390 october 2013 

Prevalence of learning disabilities among primary school children of South indian city
Moqasal V et al. - Indian J. Pediatr. Vol 79 N°3 pp342-347

Pour aller plus loin :

vendredi 15 novembre 2013

La dysorthographie, qu'est ce que c'est ?

enfant écriture cursive dysorthographie
La dysorthographie est un trouble d'apprentissage caractérisé par un défaut d'assimilation important et durable des règles orthographiques (altération de l'écriture spontanée ou de l'écriture sous dictée). Celui-ci perturbe, dans des proportions variées, la conversion phono-graphique, la segmentation des composants de la phrase, l'application des conventions orthographiques (dites règles d'usage), et enfin l'orthographe grammaticale (marques flexionnelles que sont les accords et conjugaisons).

Les problèmes découlant de la dysorthographie sont :
  • Une lenteur d'exécution, des hésitations et une pauvreté des productions ;
  • Des fautes d'orthographe, de conjugaison, de grammaire et d'analyse ;
  • Des difficultés à l'écrit semblables à celles du dyslexique ;
  • Des erreurs de copies et des découpages arbitraires ;
  • Des économies de syllabes, des omissions et des mots soudés.
La dysorthographie fait souvent suite à une dyslexie mais l'association n'est pas systématique. On distingue le trouble du développement du trouble acquis (suite à une lésion du système nerveux par exemple), on emploie dans ce dernier cas plus fréquemment le terme d'agraphie.

dysorthographie et dysgraphie associées


jeudi 14 novembre 2013

écriture cursive et syndrome du canal carpien

intervention canal carpien
Des fourmillements dans la main et une insensibilité des doigts qui réveillent les patients au milieu de la nuit: ce sont les premiers symptômes du syndrome du canal carpien, qui touche environ trois femmes sur mille et un homme sur ­mille. Lorsque le canal carpien se rétrécit, il peut compresser ou irriter le nerf médian qui s'y trouve et provoquer de tels symptômes qui peuvent s'aggraver si le nerf perd toutes ses fonctions.

Il s'agit donc d'une affection fréquente sans cause connue dans la majorité des cas. Certains facteurs peuvent néanmoins favoriser ou accélérer son apparition, comme le diabète, certaines pathologies ou certains gestes répétitifs, le plus souvent liés au travail. C'est la raison pour laquelle le médecin sera parfois amené à évaluer l'influence du poste de travail sur la survenue du syndrome.

La qualité et le confort de l'écriture manuscrite sont très souvent dégradés par le syndrome de canal carpien.

Les changements hormonaux jouent un rôle majeur et de nombreux cas de syndrome de canal carpien temporaire se produisent au cours de la grossesse et disparaissent spontanément après l'accouchement.



La guérison spontanée se produit dans environ 30 % des cas, ce qui explique pourquoi, pour les cas les moins sévères, il est recommandé de commencer par des traitements conservateurs: immobiliation par orthèse ou infiltrations qui peuvent suffire à soulager les patients. Ces approches permettent également d'aider les patientes pendant leur grossesse, en cas d'activité temporairement accrue au travail ou en attendant une intervention chirurgicale.

Le traitement chirurgical du syndrome du canal carpien est une intervention fréquente en France, qui a connu un large développement à la fin des années 1990. Elle consiste à sectionner un ligament situé sous la peau, ce qui li­bère le contenu du canal carpien. Il s'agit d'une intervention simple, sous anesthésie locale.

L'intervention soulage les patients mais son succès à long terme dépend de l'état du nerf au moment de l'intervention, et aussi de la qualité de la récupération. Si le nerf était encore largement fonctionnel, la rééducation permet de retrouver rapidement un fonctionnement normal de la main, sans symptômes. La main doit donc être mobilisée très rapidement et les chirurgiens font d'ailleurs parfois le choix d'intervenir en même temps sur les deux mains pour empêcher le patient de favoriser la main valide!

Pendant les 2 premiers mois qui suivent l’intervention, il faut absolument éviter les manœuvres de force avec la main opérée, telles que dévisser un couvercle , porter un objet lourd, etc. Cette recommandation a pour but de permettre une cicatrisation correcte au ligament qui a été sectionné, et d’éviter des douleurs. Cependant, tous les mouvements des doigts qui ne nécessitent pas de force peuvent - et doivent - être faits : tenir une fourchette, écrire, tenir un objet léger, ouvrir et fermer les doigts, etc. En résumé, il est recommandé au patient de se servir le plus normalement possible de sa main, en la faisant bouger tout en évitant les gestes de force. Cette auto-rééducation est habituellement suffisante. Des exercices spécifiques de rééducation de l'écriture cursive peuvent également être proposés.

vendredi 1 novembre 2013

Le TDA/H, qu'est ce que c'est ?

hyperactivité attention écriture manuscrite
Il nous arrive à tous d'avoir parfois des difficultés à rester assis, d'accorder toute notre attention à un discours, ou d'avoir à contrôler un comportement impulsif . Pour certaines personnes, ces problèmes sont tellement omniprésents et persistants qu'ils interfèrent avec leur vie quotidienne.




Le trouble de l'attention

Le trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) est une affection neurobiologique commune atteignant 5 à 8% des enfants d'âge scolaire avec des symptômes qui persistent à l'âge adulte dans 60 pour cent des cas (soit environ 4 % des adultes ) .Il est caractérisé par des niveaux inappropriés d'inattention, par de l'impulsivité et parfois par de l'hyperactivité (mais pas systématiquement).

Bien que les personnes atteintes de ce trouble peuvent parfaitement avoir une vie épanouie, sans identification ni traitement , le TDA/H peut avoir des conséquences graves : échec scolaire , stress familial, dépression, problèmes relationnels, voire toxicomanie, délinquance, risque de blessures accidentelles. Le diagnostic et le traitement précoces sont donc extrêmement importants.

La science médicale a identifié ce syndrome d'inattention et/ou hyperactivité depuis 1902. Ce n'est donc pas une mode récente. Cette maladie a été nommée dysfonction cérébrale minime, réaction hyperkinétique de l'enfance et plus récemment trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité ou TDA/H. Le nom actuel reflète l'importance des caractéristiques de l'inattention de la maladie ainsi que les autres caractéristiques telles que l'hyperactivité et l'impulsivité.

les symptômes du TDA/H

Typiquement , les symptômes du TDAH apparaissent dans la petite enfance, avant 7 ans. Plus rarement il arrive qu'ils soient associés à un certain type de lésion cérébrale acquise.  Trois types de troubles de l'attention existent :

TDAH avec inattention prédominante : ( TDAH - I)
  • Ne parvient pas à prêter attention aux détails ou fait des fautes d'inattention .
  • A de la difficulté à soutenir son attention .
  • Ne semble pas écouter .
  • A du mal à exécuter les consignes
  • A des difficultés d''organisation .
  • Evite ou n'aime pas les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu .
  • Perd des choses .

TDAH de type hyperactivité-impulsivité prédominante : ( TDAH - HI )
  • Bouge les mains ou les pieds ou se tortille sur son siège .
  • A des difficultés à rester assis.
  • A du mal à s'engager dans des activités tranquillement.
  • Parle trop.
  • Laisse échapper des réponses avant que les questions soient achevées.
  • A du mal à attendre son tour.


Type TDAH combiné : ( TDAH - C )
  • La personne satisfait les deux ensembles de critères concernant l'inattention et l' hyperactivité / impulsivité .


Les jeunes avec TDA/H sont souvent confrontés à des retards dans leur développement et peuvent donc se comporter de manière plus immature que les autres enfants du même âge11. Le TDA/H est souvent associé avec d'autres troubles, tels que la dépression, l'anxiété ou des troubles d'apprentissage.  Au cabinet de rééducation de l'écriture j'observe une proportion élevée d'enfant diagnostiqués TDA/H parmi les enfants ayant des problèmes de dysgraphie.

Les adolescents atteints de TDA/H présentent un défi particulier . Au cours de leurs années de scolarité, les exigences académiques et organisationnelles augmentent, et leur écriture s'en ressent. En outre, ces jeunes impulsifs sont confrontés à des problèmes typiques des adolescents : la découverte de leur identité, la découverte de l'indépendance, la pression des pairs, et les défis de la conduite adolescente.

La rééducation de l'écriture des enfants TDA/H, même si elle nécessite quelques adaptation en terme de contrôle de la posture et de durée des exercices, se déroule comme pour d'autres troubles d'apprentissage, et donne en général de bons résultats.

Pour aller plus loin :





À quelle vitesse les élèves écrivent-ils en cursive?


écriture cursive scolaire
La vitesse à laquelle les élèves écrivent pose souvent des questions aux enseignants et aux parents. "Ecrit-il assez vite?" est une question qu'on me pose souvent. La réponse que j'aimerai faire est "Assez vite pour quoi faire?" Prendre des notes rapides sous la dictée? Recopier un texte? Ecrire un cours au propre?

Pour prendre des notes au collège ou au lycée, l'élève est sous contrainte de temps, et la lisibité de l'écriture cursive s'en ressent souvent. Pour beaucoup de productions écrites d'élèves, rapidité et lisibilité sont antinomiques (mais pas toujours, certains écrivent très lentement sans que la qualité ne soit au rendez-vous)

La vitesse d'écriture est un enjeu :
  •  pour l'enseignant qui souhaite réduire la durée des phases de prise de notes pour pouvoir continuer la partie active de son cours (ou simplement pouvoir effacer le tableau pour continuer... je le sais, j'ai aussi été enseignante) 
  • pour l'élève qui ne souhaite pas être celui qui ralentit le groupe par sa prise de notes tardive 
  • pour l'élève encore, car ses notes manuscrites sont souvent son principal support de révision 
  • pour l'élève toujours, qui doit écrire suffisamment vite et facilement pour être en mesure d'écouter et de comprendre son professeur
  • pour les parents qui n'ont souvent que la production écrite de l'enfant pour évaluer son implication dans le cours (un cours incomplet est pour eux un signe inquiétant)
Bref, écrire "vite" est un gage de réussite en classe.

Parfois la perception que les enseignants, les parents ou l'élève ont de la vitesse d'écriture est faussée.
Il m'arrive d'avoir en consultation des patients qui pensent écrire lentement alors que leur vitesse d'écriture est tout à fait dans la moyenne, et même certains qui écrivent réellement trop vite.
comment savoir ce qu'il en est réellement? Quelle est la normalité en terme de vitesse d'écriture cursive? Plusieurs chercheurs ont publié les résultats de leurs études sur les élèves européens dans les différentes classes d'âge.

Pour étudier la vitesse d'écriture de manière rationnelle, les chercheurs utilisent des tests normalisés comme par exemple le test BHK , mais aussi les tests dérivés des écoles anglo-sanxones : Handwriting Speed Test (HST) ou l'ETCH-C : evaluation tool of children handwriting - cursive. Le passage par ces tests normalisés est indispensable si on veut comparer les productions de différents élèves, car la vitesse d'écriture varie fortement en fonction du type d'exercice proposé (écriture spontanée, dictée ou recopie) ou des consignes(écrire le plus vite possible ou normalement, en cursive ou en script).

Voici quelques données chiffrées, trouvées dans un tableau récapitulatif  mentionné dans l'ouvrage "troubles de l'écriture chez l'enfant, des modèles à l'intervention" chez de Boeck et Solal.



Notez que les vitesses sont très similaires pour l'écriture cursive dans différent pays européens.






France Suisse Italie Pays-Bas Irlande
CP 10



CE1 24 22 27 25
CE2 34 33 38 35 42-45
CM1 45
48 46 51-58
CM2 46
55 54 55-61
 vitesse (signes par minutes) dans différents pays

Dans l'enseignement secondaire,  la vitesse d'écriture cursive des élèves continue à progresser durant leur scolarité, même après 15 ans.


6ieme 5ieme 4ième 3ième 2de 1ère Term.
Français 66 74 81 86


HST Anglais 73-74 91-100 103-105 105-108 112-118 120-121 122-124
vitesse d'écriture cursive en signes par minute (en secondaire)


Ces valeurs ne sont que des moyennes, et la dispersion à l’intérieur d'une même classe est importante. De plus il ne faut pas oublier que lee test utilisé en France comprend l'écriture d'un texte standardisé de difficulté croissante. On obtient donc en classe des vitesses souvent supérieures avec des dictées de textes de moindre difficulté. En revanche la recopie d'un texte complexe peut prendre plus de temps.


Attention à ne pas confondre vitesse d'écriture et vitesse de déplacement du stylo
Les tests mentionnés si dessous évaluent tous les vitesses d'écriture en nombres de signes par minutes (les chercheurs préfèrent parler de fréquence d'inscription). Comment faire pour accélérer? A première vue, il suffit simplement de bouger plus vite la pointe du crayon pour faire plus de signes dans le même temps. Mais en fait, pour l'écriture cursive, ce n'est pas si simple que cela. Plus la pointe du crayon va vite, plus les dérapages sont possibles, plus l'élève freine et accélère subitement. Prenons l'image d'un autobus : moins il y a d'arrêts sur le trajet, plus le bus ira vite, et cela indépendamment de sa vitesse de pointe. Pourquoi? car lorsqu'on s'arrête, c'est le fait de devoir ralentir pour stopper puis de ré-accélérer au démarrage qui ralentit le voyage et le rend inconfortable... 

Alors, quand doit-on s'inquiéter?
D'un point de vue purement scientifique, il n'y a que si un élève se situe a plusieurs écart-types sous ces moyennes lors d'un test standardisé qu'il faut s'inquiéter d'une lenteur d'écriture. Et même dans ce cas il faudra réunir d'autres critères pour que l'on puisse parler de dysgraphie.


Concrètement, comment puis-je savoir si mon enfant écrit trop lentement?
Pour faire ce type de test, il faut se rendre chez un professionnel.


Maintenant, voici quelques indices qui peuvent vous guider afin de savoir si vous devez vous inquiéter de sa vitesse d'écriture cursive :
-il est toujours le dernier à finir
-il est toujours le premier mais son écriture est illisible
-il passe ses récrés à finir de copier ses leçons
-ses cours sont incomplets
-il n'a pas le temps de finir ses évaluations alors qu'il affirme connaitre les réponses
-quand vous demandez ce qu'il vient d'écrire vous obtenez une réponse du type" je ne sais pas, j'étais en train d'écrire, j'ai pas encore lu "

Si vous pensez être dans un de ces cas, commencez par en parler aux enseignants. Ils ont l'expérience et peuvent comparer par rapport à leurs autres élèves. Si eux aussi pensent qu'il peut y avoir un souci, alors consultez.


Pour aller plus loin :



Bibliographie :
  • Albaret J.M. Kaiser, M.L., Soppelsa,R. (2013): Troubles de l'écriture chez l'enfant : De boeck solal edition


    vendredi 18 octobre 2013

    Dysgraphie et syndrome valproate


     Aujourd'hui, la rééducatrice de l'écriture voudrait pousser un coup de gueule à propos d'un médicament:

    valproate et dysgraphie


    Le valproate de sodium (qui est connu sous les noms Depacon, Depakene, Depakote, Depakine, Convulex,..) est un anticonvulsivant indiqué pour le traitement des crises  d'épilepsie. Certaines formulations sont également prescrites pour le traitement des troubles bipolaires, de la dépression, et même des migraines. 

     Le Valproate est connu depuis très longtemps pour ses effets tératogènes. Il a en effet été identifié depuis les années 80 que le risque d'un spina bifida était fortement augmenté lors des grossesses où la mère était traitée par valproate.



    Ce qui est (encore) moins connu, c'est que même les enfants qui n'ont pas de malformations physiques majeures souffrent malgré tout encore de certains handicaps cognitifs et psychomoteurs, dont des troubles autistiques, des troubles de la motricité fine, du langage et des troubles de l'écriture cursive.

    Vous vous doutez que c'est pour traiter ces problèmes d'apprentissage de l'écriture que j'ai pris connaissance des effets de ce médicament. Les enfants exposés in utero au valproate souffrent en effet fréquemment de dysgraphie. Heureusement, de mon expérience ces enfants peuvent réagir très favorablement à la rééducation de l'écriture.

     Les résultats d'une étude publiée cette année dans The Lancet Neurology ont montré que les enfants exposés in utero au valproate ont (en moyenne) un QI sigificativement plus faible que les enfants exposés à d'autres médicaments antiépileptiques. Le QI verbal est plus affecté que le QI performance. Plus étonnant, il a été noté que la proportion de gauchers est très significativement augmentée chez les enfants de  cette étude.

    Le valproate module la GABA transaminase

    Les différences dans les aptitudes verbales et la latéralisation peuvent être expliquées par des changements de latéralisation cérébrale liés à cette exposition aux médicaments antiépileptiques.


    On sait que les zones du cerveau impliquées dans le geste d'écriture sont nombreuses. La région du gyrus précentral baptisée « aire d'Exner » a été historiquement considérée comme la zone responsable des automatismes du geste d'écriture. Les données d'exploration neurologique ont confirmé ces hypothèses, mais indiquent que le cortex prémoteur et pariétal postérieur collaborent dans les processus d'écriture. La fonction précise de chacune de ces régions et leurs modes d'interaction restent assez mal connus. Le valproate affecte les neurotransmetteurs GABA (car c'est un inhibiteur de la GABA transaminase), il influe donc sur des mécanismes de base de la transmission de l'influx nerveux. Mais l'acide valproïque est aussi un inhibiteur des histones désacétylases (HDAC) ce qui se traduit par une activité de différentiation sur certains types cellulaires. Il est possible que lors de la formation embryologique des tissus nerveux, le valproate agisse à la fois sur les différenciations cellulaires et sur la communication intercellulaire qui régissent le développement et la communication des différentes zones du cerveau impliquées dans l'écriture. Ce sujet étant pour l'instant peu étudié, les hypothèses que je retranscrit ici sont encore spéculatives

    Mes observations personnelles sont que l'automatisation du geste d'écriture de ces enfants, même si elle peut être restaurée  par les exercices classiques de rééducation, est perturbée par des déficits de l’attention et des fonctions verbales. La particularité de ces troubles de l'écriture mérite certainement plus d'études. (Si d'autres praticiens veulent me contacter pour partager leurs expériences à ce sujet, ils sont les bienvenus)

    Pendant longtemps les laboratoires pharmaceutiques concernés (Abott, créateur de la molécule aux Etats unis, Sanofi en France, les génériqueurs depuis que la molécule est dans le domaine publique) ont nié, puis minimisé le risque d'exposition du fœtus à cette molécule. Ce n'est que tout récemment que les notices de ces médicaments ont été revues pour décrire ces risques identifiés depuis de nombreuses années. Il y a encore quelques mois j'ai eu dans les mains la notice d'une version générique qui passait ces effets secondaires sous silence.

    Le retard des laboratoires pharmaceutiques à inscrire les effets tératogènes sur les notices de ces médicaments, et l'inaction des services de pharmacovigilance aura eu des conséquences dramatique sur plusieurs générations d'enfants. Pourtant les signes d'alerte ont été nombreux et peuvent être facilement documentés depuis 1984.

    Je n'ai évidemment pas la prétention de vous fournir ici un avis médical, et je ne veut pas sous-estimer le bénéfice que le valproate (et d'autres anticonvulsivants) peuvent vous apporter si vous souffrez d’épilepsie. Je ne peux que vous apporter ma vision de rééducatrice de l'écriture. Et la rééducatrice que je suis est en colère :
    • contre l'inaction des agences de veille sanitaire (les premières études montrant un risque chez l'enfant datent d'il y a 30 ans!),
    • contre l'hypocrisie des services de communication des laboratoires durant la gestion de cette crise, 
    • contre la volonté des services de marketing des laboratoires pharmaceutique d'élargir les applications de ce médicament à des affections comme la migraine, où le rapport bénéfice/risque est documenté comme défavorable (mais le marché tellement plus important).
     pour aller plus loin :



    Littérature sur le syndrome de l'anti convulsif :

    une description complète du syndrome depakine :
    http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/1925511


    un autre article de 1984 qui porte sur l'étude de 7 enfants atteints, et évoque les retards psychomoteurs notamment pour deux d'entre eux :
    http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/6439041

    une étude clinique de 1987 qui démontre de manière évidente les risques tératogènes comportementaux sur les rats : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/3110838

    un article de 1988 qui a étudié 19 enfants exposés au valproate in utero : 71% ont un retard de développement et / ou une anomalie neurologique en monothérapie au valproate, 90% s'ils ont été exposé à plusieurs molécules...
    http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/3125743

    ce document photocopié, une étude de 1995 publiée en 1997 est très explicite :

    Embryofoetopathie au Valproate Page 1

    Embryofoetopathie au Valproate Page 2

    Embryofoetopathie au Valproate Page 3

    Embryofoetopathie au Valproate Page 4
     court article de 1999 paru dans une revue de neuropsychiatrie indique clairement l'importance du risque lié à la prise de dépakine pendant la grossesse.

    Grossesse et thymorégulateurs

    Nous pouvons poursuivre avec cette revue du centre de pharmacovigilance de Lyon, qui remonte à 2005. L'article sur l'acide valproïque est en pages 2 et 3.

    Vigitox

    On trouve encore le Bulletin d'Informations de Pharmacologie (BIP) de Toulouse en 2007.

    Le BIP

    A nouveau un article plus documenté et un peu ardu du centre de pharmacologie de Lyon daté de 2009. La lecture est difficile, mais très intéressante.

    Centre médical de la Teppe


    Un extrait en ligne de la revue Prescrire de 2009. Il s'agit d'une revue à destination des médecins, mais qui contrairement à la quasi-totalité de la littérature médicale, est réellement indépendante... Ceci explique sans doute cela !

    Revue Prescrire sur l'Acide valproïque

    L'étude la plus importante et finalement la plus inquiétante concernant les effets du valproate de sodium sur le développement cognitif est parue en 2009 dans le New England Journal of Medecine. Pour en résumer très rapidement les conclusions, disons simplement que les enfants exposés ont un quotient intellectuel verbal moyen de 92, alors que ceux exposés aux autres traitements anti-convulsivants ont un QI verbal compris entre 98 et 101.

    Vous pouvez accéder à l'intégralité de l'article (en anglais) avec le lien suivant :

    Cognitive Function at 3 Years of Age after Fetal Exposure to Antiepileptic Drugs

    C'est la suite de cette étude, avec trois ans de recul supplémentaire qui vient d'être publiée dans
    The Lancet Neurology en 2013 :

    Fetal antiepileptic drug exposure and cognitive outcomes at age 6 years, The Lancet Neurology vol 12, Issue 4, p244-252

     La food and Drug administration (FDA) américaine a lancé une alerte le 6 mai 2013 (29 ans après les premiers articles décrivant le problème), qui est particulièrement explicite, et que vous trouverez ici (en anglais) :Valproate Anti-seizure Products Contraindicated for Migraine Prevention in Pregnant Women due to Decreased IQ Scores in Exposed Children

    lundi 14 octobre 2013

    Un police d'écriture cursive pour les enseignants : analyse critique

    Cet été, le ministère de l’éducation nationale a mis à disposition des enseignants deux modèles de polices de caractères spécialement dessinées pour l’enseignement de l’écriture cursive. Vous trouverez ces modèles sur le site eduscol.
    écriture cursive

    A première vue ,cette initiative est la bienvenue. J'ai toujours observé dans mes échanges avec les enseignants du primaire qu'ils sont nombreux à se plaindre de l'absence de directives claires sur l'enseignement de l'écriture cursive, sans parler même de formation. Chaque fois que je fais une conférence, il y a des enseignants dans la salle : aucun ne lève le doigt quand je demande s'ils ont eu une formation dédiée à l'enseignement de l'écriture cursive.

    Donc a défaut d'instructions, un modèle de police de caractère pour l'écriture cursive semble une bonne idée. Hélas, il faut avouer que ce modèle présente quelques défaut. Suite à nos échanges, une de mes collègues a publié une analyse (assez critique) de ces problèmes sur son site : écriture-paris

    De mon point de vue, le fait d'avoir confié le travail de création de ce modèle d'écriture cursive à des typographes est la source de bien des erreurs : la contrainte de créer une police de caractère (où chaque lettre doit avoir exactement la même forme quelle que soit la lettre précédente et la lettre suivante) est difficilement compatible avec la fluidité nécessaire pour le geste d'écriture. Dans ce modèle d'écriture cursive la lettre commence à mi-interligne, la boucle du e est "cassée" (apraxique dans notre jargon), les formes des lettres m, n, v, w, y, s'éloignent des modèles habituels, la réglure est différentes du seyes. Autant de raisons qui rendent ce modèle d'écriture cursive difficile à suivre pour les élèves, voire pénalisant pour mettre en place l'automatisation du geste d'écriture. Dommage.

    Un modèle à prendre avec beaucoup de recul, donc. Comme ma collègue, je ne saurais recommander aux enseignants d’utiliser cette police de caractères comme modèle d’écriture.

    dimanche 6 octobre 2013

    7ième journée des dys

    Je participerai à la "7ème journée des "Dys" organisée par les associations AADA (dysphasie),
    APEDA (dyslexie) et DFD Alsace qui aura lieu le samedi 12 octobre 2013
    au Pôle Formation de la CCI à Strasbourg. N'hésitez pas à venir m'y poser vos questions.

    La journée des dys a pour objectifs:
    •   Faire connaitre les troubles de l'apprentissage : dyslexie, dysphasie, dyscalculie, dyspraxie, dysgraphie...
    • Alerter l'opinion sur ces troubles de l'apprentissage dont souffrent beaucoup d'enfants et d'adultes : pour faire un premier pas vers le repérage de ces troubles et donc vers une prise en charge adaptée.
    • Informer les professionnels impliqués (dans les rééducations, dans les apprentissages...) mais également les familles concernées, les entreprises...
    • Sensibiliser par le biais par exemple des ateliers "Dans la peau d'un Dys"
    • Témoigner
    • Rencontrer des professionnels, des associations, des parents...
    Le programme :

    Tout au long de la journée :
    des stands d'informations : les associations, les partenaires institutionels, les praticiens (médecins, ergothérapeutes, orthophonistes, orthoptistes, psychologues, psychomotricien, et ...votre rééducatrice de l'écriture), mais aussi les acteurs de la formation et de l'insertion professionnelle, les éditeurs spécialisés.

    des ateliers pour se mettre dans la peau des dys

    des conférences :
    » “Être Dys au quotidien” par le Dr REVOL
    » “Les signes d'appels chez le jeune enfant”
    » “Dis moi ce que l'on fait dans l'Académie”

    La journée des dys est ouverte à tous.
    Plus d'informations sur le site officiel :  http://www.journee-des-dys-alsace.com

    mercredi 4 septembre 2013

    Comment tenir son crayon?

    geste d'écriture dysgraphique
    En illustration, un beau dessin d'une main tenant fort mal un crayon :

    main crayon dysgraphie
    Mauvaise tenue de crayon

    Sur cette illustration nous avons un poignet cassé, soulevé, avec le crayon pointant perpendiculairement à l'axe du bras. Cette position très fréquemment rencontrée au cabinet de rééducation engendre crispation et douleurs.
    Rappelons que le poignet ne doit pas être cassé, qu'il est en contact permanent avec la table, que le crayon pointe dans l'axe du bras, et que la main doit impérativement se trouver sous la ligne d'écriture (et non sur la ligne, comme sur l'exemple ci-dessus).

    Voyez-vous la différence ?


    main crayon dysgraphie
    Bonne tenue du stylo



    mardi 3 septembre 2013

    Mal tenir son crayon

    Pour écrire de façon fluide et sans douleur, il est crucial de bien tenir son crayon, car existe une position qui est bien plus efficace que les autres. Lorsqu'il y a une difficulté avec l'écriture cursive, il faut donc commencer logiquement (le plus souvent) la rééducation de l'écriture par la remédiation de la tenue du crayon.

    lundi 2 septembre 2013

    Ecriture cursive et trisomie


    trisomie et écriture
    Les personnes possédant trois chromosomes 21 peuvent elles bien écrire? La réponse est évidemment oui. Une récente étude montre que la qualité des tracés et les temps de production des adultes avec une trisomie 21 se caractérisent par un niveau d’efficience comparable aux enfants de même âge de développement mental. Les adultes trisomiques étudiés ne présentent pas par ailleurs de déficit graphomoteur spécifique. Mais comme pour d'autres apprentissages, le parcours des enfants trisomiques va être nécessairement différent.




    Un enfant trisomique présente des différences de latéralisation, de tenue de crayon et de repérage spatial par rapport à d'autres enfants qui vont rendre son apprentissage de l'écriture nécessairement plus difficile. Je vous propose ici un petit résumé des spécificités de ces enfants vis à vis de l'apprentissage de l'écriture cursive.

    Tout d'abord l'enfant trisomique a une morphologie et un développement particulier de la main, qui va grandement influencer sa tenue de crayon : La main est plus petite, plus large, plus trapue. Les doigts sont courts, surtout le cinquième et le pouce. Le squelette de la main de l'enfant trisomique 21 est constitué de 23 os au lieu de 27 (voir Chumlea 1979, Erhardt, 1982, Edwards, 1995). Le pouce est en général positionné plus bas, et il existe souvent une déviation du cinquième doigt très caractéristiques, avec parfois un seul pli de flexion ( et une absence de la deuxième phalange). En général, les articulations de la main sont très mobiles. Compte tenu de l’absence, de la petite taille ou de la croissance lente de certains os du carpe, on a supposé que cela pouvait modifier les arcs de la main qui sont fondamentaux dans les fonctions de préhension et de stabilité de la paume de la main, conditionnant la liberté des doigts. L’hypotonie des muscles de la main peut limiter l’utilisation manuelle, diminution motrice qui en retour affecte le système des arcs de la main.

    L’évolution de la préhension de l’enfant trisomique est semblable à celle des autres enfants jusqu’à l’âge de 3 ans. Puis l’hypotonicité et l’absence de pli palmaire entrainent une destruction de la prise «pince», une imprécision du geste et une réduction de la sensibilité. A terme, on observe une chute de la qualité de la préhension à l’âge ou il découvre le crayon...

    Naturellement, l'enfant trisomique développe une tenue de crayon haute et immature avec une prise palmaire (toute la paume de la main tient le crayon). La pression est en général excessive et la crispation de la main sur le stylo gène la progression.


    L’hypotonie musculaire et l’hyperlaxité ligamentaire modifient également la motricité manuelle. Les capacités de discrimination tactile et le déliement digital sont également plus faibles. On observe donc peu de corrections et nécessairement une répétition plus élevée des erreurs.

    Le développement de la latéralisation se fait en général plus tard, vers 8 ans au lieu de 4 ans habituellement.

    La lenteur, caractéristique des enfants trisomiques, retentit sur toutes les étapes du mouvement. L’exigence de vitesse détériore donc les performances de l'écriture cursive.

    L’enfant trisomique présente généralement des postures inadéquates dues à des anomalies de statique (ex : tenue de tête) et des différences sensorielles. Les positions d’équilibre exigeant un contrôle visuel constant, il leur est alors difficile de mobiliser précisément des segments de leur corps ne se trouvant pas dans le champ visuel. Or nous savons que la posture joue un rôle clef dans le geste d'écriture.

    On note aussi des difficultés d’appréhension de la gestion statique l’espace graphique: l'enfant trisomique ayant parfois des stratégies de recherche peu organisées, une négligence de certaines portions de l’espace et une faible perception des rapports spatiaux. La réduction de l’anticipation mènera à la production de lignes fluctuantes, de marges peu marquées et d’un faible respect des espaces inter-mots.

    Le travail de rééducation de l'écriture devra s’appuyer sur les domaines déficitaires chez ces enfants :

    - les capacités visuo-constructives et spatiales :
    Il s’agit de renforcer la discrimination et la connaissance des orientations et relations spatiales qui sont à mettre en lien avec leurs difficultés d’appréhension de l’espace et leurs erreurs de distinction de lettres.


    - la mobilité des doigts, du poignet, et la tenue de l’instrument scripteur.
    L’objectif est de les mettre dans une situation qui nécessite une mobilisation différente des doigts et du poignet, et d'entraîner à la formation des boucles.


    - les variations de pression.
    L’utilisation d’un pinceau chinois et de l’encre, permet de diminuer et de mieux contrôler la pression excessive chez ces enfants. Les variations de pression sont alors visibles sur la trace, ce qui permet un feedback visuel particulièrement efficace. On peut également n'utiliser que le contrôle proprioceptif du mouvement (yeux fermés) afin de faire ressentir ce mouvement. L'usage du criterium (dont la mine casse rapidement sous la pression) permet de compléter ce travail.

    Pour l’enfant trisomique, l’écriture est une tâche fastidieuse, la rééducation doit donc être ludique et le niveau de difficulté des exercices progressif. Il est important de laisser un temps suffisamment long au maintien d’un apprentissage particulier chez ses enfants. Il faut prêter attention au fait que les enfants trisomiques présentent moins d’attrait pour la nouveauté et ont parfois des réactions négatives à la surprise. Les changements amenés doivent donc être progressifs et expliqués à l’enfant qui bénéficiera d’un temps nécessaire de manipulation et d’habituation au support.

    Il est important d’être attentif au fait que, lors de la prise en charge, si l’adulte se met face à l’enfant, celui-ci, par imitation, va avoir tendance à utiliser sa main gauche, en miroir de ce que fait l’adulte. C'est pourquoi il faut éviter le travail en face à face.


    Pour aller plus loin :

    • Le site de ma collègue Celia Cheynel : www.reeducation-ecriture.com fournit quelques conseils aux parents.
    • Le mémoire de Cecile Legardeur de l'institut de psychomotricité de Toulouse fournit des éléments explicatifs sur la rééducation de l'enfant trisomique à la base de cet article
    • le site integrascol fournit les éléments pour les enseignants devant intégrer ces enfants différents à la classe
    • Grandir à l'École est une association loi de 1901, qui pour objectif de promouvoir la scolarisation en milieu ordinaire des enfants handicapés mentaux notamment ceux porteurs de trisomie 21
    • Quelques explications sur la rééducation de l'écriture (attention, dans le cas d'un handicap comme la trisomie, les durées de rééducation de l'écriture sont forcément plus longues, et les résultats différents)
    Bibliographie :





      vendredi 23 août 2013

      Anne-Gaël Tissot rééducatrice en Alsace

      Anne-Gaël Tissot est rééducatrice en Alsace depuis 2011.

      Localisée à Obernai, au sud de Strasbourg, elle consulte à son cabinet au sein de "La passerelle", une structure regroupant Orthophonistes, Psychologue, Orthoptiste, Ostéopathe et rééducatrice de l'écriture.

      L'adresse? 113 rue du général Gouraud 67210 Obernai.



      jeudi 27 juin 2013

      Précoce et dysgraphique

      M. est un jeune homme brillant, scolarisé en 5ème. Enfant à haut potentiel, il a sauté une classe en primaire. Comme beaucoup d'enfants précoces, l'écriture a toujours été un problème pour lui : écrire est un acte qui prend beaucoup trop de temps, et qui ne lui sert pas à grand chose puisqu'il n'a pas besoin d'écrire pour retenir ses leçons. Au collège, ses résultats sont toujours aussi bons, mais son écriture est devenue illisible. Pour lui permettre de continuer ses études dans de bonnes conditions, M utilise depuis le début de l'année un ordinateur en classe, ce qui lui convient beaucoup mieux que le traditionnel stylo. Malgré tout, même s'il n'a pas l'intention d'abandonner l'ordinateur en classe, il reconnaît que dans certaines situations il est bien pratique de pouvoir écrire. A ce titre, il a souhaité entreprendre une rééducation pour récupérer une écriture lisible.

      Voici le résultat de ses efforts, sur une durée de rééducation de 4 mois, soit 6 séances en tout. En haut, un extrait de son écriture en cours d'histoire début janvier, en bas un extrait de son cahier de physique début mai.

      Tout n'est pas parfait, mais l'objectif est atteint : M. peut prendre des notes lisibles au collège à la vitesse exigée par son niveau scolaire.