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mercredi 4 septembre 2013

Comment tenir son crayon?

geste d'écriture dysgraphique
En illustration, un beau dessin d'une main tenant fort mal un crayon :

main crayon dysgraphie
Mauvaise tenue de crayon

Sur cette illustration nous avons un poignet cassé, soulevé, avec le crayon pointant perpendiculairement à l'axe du bras. Cette position très fréquemment rencontrée au cabinet de rééducation engendre crispation et douleurs.
Rappelons que le poignet ne doit pas être cassé, qu'il est en contact permanent avec la table, que le crayon pointe dans l'axe du bras, et que la main doit impérativement se trouver sous la ligne d'écriture (et non sur la ligne, comme sur l'exemple ci-dessus).

Voyez-vous la différence ?


main crayon dysgraphie
Bonne tenue du stylo



mardi 3 septembre 2013

Mal tenir son crayon

Pour écrire de façon fluide et sans douleur, il est crucial de bien tenir son crayon, car existe une position qui est bien plus efficace que les autres. Lorsqu'il y a une difficulté avec l'écriture cursive, il faut donc commencer logiquement (le plus souvent) la rééducation de l'écriture par la remédiation de la tenue du crayon.

lundi 2 septembre 2013

Ecriture cursive et trisomie


trisomie et écriture
Les personnes possédant trois chromosomes 21 peuvent elles bien écrire? La réponse est évidemment oui. Une récente étude montre que la qualité des tracés et les temps de production des adultes avec une trisomie 21 se caractérisent par un niveau d’efficience comparable aux enfants de même âge de développement mental. Les adultes trisomiques étudiés ne présentent pas par ailleurs de déficit graphomoteur spécifique. Mais comme pour d'autres apprentissages, le parcours des enfants trisomiques va être nécessairement différent.




Un enfant trisomique présente des différences de latéralisation, de tenue de crayon et de repérage spatial par rapport à d'autres enfants qui vont rendre son apprentissage de l'écriture nécessairement plus difficile. Je vous propose ici un petit résumé des spécificités de ces enfants vis à vis de l'apprentissage de l'écriture cursive.

Tout d'abord l'enfant trisomique a une morphologie et un développement particulier de la main, qui va grandement influencer sa tenue de crayon : La main est plus petite, plus large, plus trapue. Les doigts sont courts, surtout le cinquième et le pouce. Le squelette de la main de l'enfant trisomique 21 est constitué de 23 os au lieu de 27 (voir Chumlea 1979, Erhardt, 1982, Edwards, 1995). Le pouce est en général positionné plus bas, et il existe souvent une déviation du cinquième doigt très caractéristiques, avec parfois un seul pli de flexion ( et une absence de la deuxième phalange). En général, les articulations de la main sont très mobiles. Compte tenu de l’absence, de la petite taille ou de la croissance lente de certains os du carpe, on a supposé que cela pouvait modifier les arcs de la main qui sont fondamentaux dans les fonctions de préhension et de stabilité de la paume de la main, conditionnant la liberté des doigts. L’hypotonie des muscles de la main peut limiter l’utilisation manuelle, diminution motrice qui en retour affecte le système des arcs de la main.

L’évolution de la préhension de l’enfant trisomique est semblable à celle des autres enfants jusqu’à l’âge de 3 ans. Puis l’hypotonicité et l’absence de pli palmaire entrainent une destruction de la prise «pince», une imprécision du geste et une réduction de la sensibilité. A terme, on observe une chute de la qualité de la préhension à l’âge ou il découvre le crayon...

Naturellement, l'enfant trisomique développe une tenue de crayon haute et immature avec une prise palmaire (toute la paume de la main tient le crayon). La pression est en général excessive et la crispation de la main sur le stylo gène la progression.


L’hypotonie musculaire et l’hyperlaxité ligamentaire modifient également la motricité manuelle. Les capacités de discrimination tactile et le déliement digital sont également plus faibles. On observe donc peu de corrections et nécessairement une répétition plus élevée des erreurs.

Le développement de la latéralisation se fait en général plus tard, vers 8 ans au lieu de 4 ans habituellement.

La lenteur, caractéristique des enfants trisomiques, retentit sur toutes les étapes du mouvement. L’exigence de vitesse détériore donc les performances de l'écriture cursive.

L’enfant trisomique présente généralement des postures inadéquates dues à des anomalies de statique (ex : tenue de tête) et des différences sensorielles. Les positions d’équilibre exigeant un contrôle visuel constant, il leur est alors difficile de mobiliser précisément des segments de leur corps ne se trouvant pas dans le champ visuel. Or nous savons que la posture joue un rôle clef dans le geste d'écriture.

On note aussi des difficultés d’appréhension de la gestion statique l’espace graphique: l'enfant trisomique ayant parfois des stratégies de recherche peu organisées, une négligence de certaines portions de l’espace et une faible perception des rapports spatiaux. La réduction de l’anticipation mènera à la production de lignes fluctuantes, de marges peu marquées et d’un faible respect des espaces inter-mots.

Le travail de rééducation de l'écriture devra s’appuyer sur les domaines déficitaires chez ces enfants :

- les capacités visuo-constructives et spatiales :
Il s’agit de renforcer la discrimination et la connaissance des orientations et relations spatiales qui sont à mettre en lien avec leurs difficultés d’appréhension de l’espace et leurs erreurs de distinction de lettres.


- la mobilité des doigts, du poignet, et la tenue de l’instrument scripteur.
L’objectif est de les mettre dans une situation qui nécessite une mobilisation différente des doigts et du poignet, et d'entraîner à la formation des boucles.


- les variations de pression.
L’utilisation d’un pinceau chinois et de l’encre, permet de diminuer et de mieux contrôler la pression excessive chez ces enfants. Les variations de pression sont alors visibles sur la trace, ce qui permet un feedback visuel particulièrement efficace. On peut également n'utiliser que le contrôle proprioceptif du mouvement (yeux fermés) afin de faire ressentir ce mouvement. L'usage du criterium (dont la mine casse rapidement sous la pression) permet de compléter ce travail.

Pour l’enfant trisomique, l’écriture est une tâche fastidieuse, la rééducation doit donc être ludique et le niveau de difficulté des exercices progressif. Il est important de laisser un temps suffisamment long au maintien d’un apprentissage particulier chez ses enfants. Il faut prêter attention au fait que les enfants trisomiques présentent moins d’attrait pour la nouveauté et ont parfois des réactions négatives à la surprise. Les changements amenés doivent donc être progressifs et expliqués à l’enfant qui bénéficiera d’un temps nécessaire de manipulation et d’habituation au support.

Il est important d’être attentif au fait que, lors de la prise en charge, si l’adulte se met face à l’enfant, celui-ci, par imitation, va avoir tendance à utiliser sa main gauche, en miroir de ce que fait l’adulte. C'est pourquoi il faut éviter le travail en face à face.


Pour aller plus loin :

  • Le site de ma collègue Celia Cheynel : www.reeducation-ecriture.com fournit quelques conseils aux parents.
  • Le mémoire de Cecile Legardeur de l'institut de psychomotricité de Toulouse fournit des éléments explicatifs sur la rééducation de l'enfant trisomique à la base de cet article
  • le site integrascol fournit les éléments pour les enseignants devant intégrer ces enfants différents à la classe
  • Grandir à l'École est une association loi de 1901, qui pour objectif de promouvoir la scolarisation en milieu ordinaire des enfants handicapés mentaux notamment ceux porteurs de trisomie 21
  • Quelques explications sur la rééducation de l'écriture (attention, dans le cas d'un handicap comme la trisomie, les durées de rééducation de l'écriture sont forcément plus longues, et les résultats différents)
Bibliographie :