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samedi 30 novembre 2013

Dysgraphie en hindi, dysgraphie en anglais

écriture manuelle hindi
Les troubles d'apprentissage de l'écriture ne se limitent pas à notre alphabet romain. Nous avions déjà évoqué les travaux de l'université de Taïwan sur la dysgraphie en chinois. C'est au tour d'universitaires du Rajasthan de nous fournir un aperçu des difficultés d’apprentissage de l'écriture en Inde.

En inde du Nord l'enseignement élémentaire s'effectue soit en Hindi, en utilisant l'écriture cursive Nagari, soit en Anglais (en utilisant l'écriture script). L'écriture manuscrite Nagari comporte un certain nombre de difficultés spécifiques pour les jeunes scripteurs, essentiellement liées à sa méthode particulière d'accentuation, et aux nombreuses levées de crayon nécessaires. C'est une écriture quasiment phonétique, où un symbole représente toujours le même son. L'unité de base — appelée akshara (अक्षर signifiant « lettre, caractère ») — est constituée soit d'un groupement d'une ou plusieurs consonnes consécutives éventuellement suivies d'une voyelle, soit d'une voyelle seule. Lorsqu'une voyelle suit une consonne, elle est représentée par un signe diacritique attaché à cette consonne.

écriture manuscrite devnagari


Akhil Dhanda et Tushar Jagawat ont fait une étude transverse sur un peu plus d'un millier d'élèves pour déterminer la prévalence des troubles d'apprentissage, dont les troubles de l'écriture. Leur conclusion est qu'environ 20% des élèves indiens souffrent de dysgraphie. Ce résultat est plus élevé qu'une étude réalisé en Inde du Sud par V. Moqasale, qui avait trouvé une prévalence de 12%.


Les auteurs notent une différence sensible de la prévalence de la dysgraphie entre les élèves ayant reçu un enseignement de l'écriture manuscrite anglaise et ceux pratiquant l'écriture manuscrite nagari. Les élèves écrivant en alphabet romain script ayant de meilleurs résultats que ceux écrivant en cursive en hindi. Ils notent néanmoins qu'il peut y avoir un biais méthodologique, car l'enseignement privé en anglais pourrait être plus élitiste et pratiquer une sélection à l'entrée sur la qualité de l'écriture.

Par ailleurs les auteurs notent aussi que leur méthodologie d'évaluation  pourrait être améliorée par l'usage de test normalisés d'évaluation de la dysgraphie.

Cet article montre que les difficultés d'apprentissage liées à l'écriture manuscrite concernent une part importante des élèves, dans des systèmes éducatifs très divers.



Bibliographie :

Prevalence and Pattern of Learning Disabilities in school children
A Dhanda, T Jagawat - Delhi Psychiatry Journal Vol 16 N°2 pp386-390 october 2013 

Prevalence of learning disabilities among primary school children of South indian city
Moqasal V et al. - Indian J. Pediatr. Vol 79 N°3 pp342-347

Pour aller plus loin :

vendredi 15 novembre 2013

La dysorthographie, qu'est ce que c'est ?

enfant écriture cursive dysorthographie
La dysorthographie est un trouble d'apprentissage caractérisé par un défaut d'assimilation important et durable des règles orthographiques (altération de l'écriture spontanée ou de l'écriture sous dictée). Celui-ci perturbe, dans des proportions variées, la conversion phono-graphique, la segmentation des composants de la phrase, l'application des conventions orthographiques (dites règles d'usage), et enfin l'orthographe grammaticale (marques flexionnelles que sont les accords et conjugaisons).

Les problèmes découlant de la dysorthographie sont :
  • Une lenteur d'exécution, des hésitations et une pauvreté des productions ;
  • Des fautes d'orthographe, de conjugaison, de grammaire et d'analyse ;
  • Des difficultés à l'écrit semblables à celles du dyslexique ;
  • Des erreurs de copies et des découpages arbitraires ;
  • Des économies de syllabes, des omissions et des mots soudés.
La dysorthographie fait souvent suite à une dyslexie mais l'association n'est pas systématique. On distingue le trouble du développement du trouble acquis (suite à une lésion du système nerveux par exemple), on emploie dans ce dernier cas plus fréquemment le terme d'agraphie.

dysorthographie et dysgraphie associées


jeudi 14 novembre 2013

écriture cursive et syndrome du canal carpien

intervention canal carpien
Des fourmillements dans la main et une insensibilité des doigts qui réveillent les patients au milieu de la nuit: ce sont les premiers symptômes du syndrome du canal carpien, qui touche environ trois femmes sur mille et un homme sur ­mille. Lorsque le canal carpien se rétrécit, il peut compresser ou irriter le nerf médian qui s'y trouve et provoquer de tels symptômes qui peuvent s'aggraver si le nerf perd toutes ses fonctions.

Il s'agit donc d'une affection fréquente sans cause connue dans la majorité des cas. Certains facteurs peuvent néanmoins favoriser ou accélérer son apparition, comme le diabète, certaines pathologies ou certains gestes répétitifs, le plus souvent liés au travail. C'est la raison pour laquelle le médecin sera parfois amené à évaluer l'influence du poste de travail sur la survenue du syndrome.

La qualité et le confort de l'écriture manuscrite sont très souvent dégradés par le syndrome de canal carpien.

Les changements hormonaux jouent un rôle majeur et de nombreux cas de syndrome de canal carpien temporaire se produisent au cours de la grossesse et disparaissent spontanément après l'accouchement.



La guérison spontanée se produit dans environ 30 % des cas, ce qui explique pourquoi, pour les cas les moins sévères, il est recommandé de commencer par des traitements conservateurs: immobiliation par orthèse ou infiltrations qui peuvent suffire à soulager les patients. Ces approches permettent également d'aider les patientes pendant leur grossesse, en cas d'activité temporairement accrue au travail ou en attendant une intervention chirurgicale.

Le traitement chirurgical du syndrome du canal carpien est une intervention fréquente en France, qui a connu un large développement à la fin des années 1990. Elle consiste à sectionner un ligament situé sous la peau, ce qui li­bère le contenu du canal carpien. Il s'agit d'une intervention simple, sous anesthésie locale.

L'intervention soulage les patients mais son succès à long terme dépend de l'état du nerf au moment de l'intervention, et aussi de la qualité de la récupération. Si le nerf était encore largement fonctionnel, la rééducation permet de retrouver rapidement un fonctionnement normal de la main, sans symptômes. La main doit donc être mobilisée très rapidement et les chirurgiens font d'ailleurs parfois le choix d'intervenir en même temps sur les deux mains pour empêcher le patient de favoriser la main valide!

Pendant les 2 premiers mois qui suivent l’intervention, il faut absolument éviter les manœuvres de force avec la main opérée, telles que dévisser un couvercle , porter un objet lourd, etc. Cette recommandation a pour but de permettre une cicatrisation correcte au ligament qui a été sectionné, et d’éviter des douleurs. Cependant, tous les mouvements des doigts qui ne nécessitent pas de force peuvent - et doivent - être faits : tenir une fourchette, écrire, tenir un objet léger, ouvrir et fermer les doigts, etc. En résumé, il est recommandé au patient de se servir le plus normalement possible de sa main, en la faisant bouger tout en évitant les gestes de force. Cette auto-rééducation est habituellement suffisante. Des exercices spécifiques de rééducation de l'écriture cursive peuvent également être proposés.

vendredi 1 novembre 2013

Le TDA/H, qu'est ce que c'est ?

hyperactivité attention écriture manuscrite
Il nous arrive à tous d'avoir parfois des difficultés à rester assis, d'accorder toute notre attention à un discours, ou d'avoir à contrôler un comportement impulsif . Pour certaines personnes, ces problèmes sont tellement omniprésents et persistants qu'ils interfèrent avec leur vie quotidienne.




Le trouble de l'attention

Le trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) est une affection neurobiologique commune atteignant 5 à 8% des enfants d'âge scolaire avec des symptômes qui persistent à l'âge adulte dans 60 pour cent des cas (soit environ 4 % des adultes ) .Il est caractérisé par des niveaux inappropriés d'inattention, par de l'impulsivité et parfois par de l'hyperactivité (mais pas systématiquement).

Bien que les personnes atteintes de ce trouble peuvent parfaitement avoir une vie épanouie, sans identification ni traitement , le TDA/H peut avoir des conséquences graves : échec scolaire , stress familial, dépression, problèmes relationnels, voire toxicomanie, délinquance, risque de blessures accidentelles. Le diagnostic et le traitement précoces sont donc extrêmement importants.

La science médicale a identifié ce syndrome d'inattention et/ou hyperactivité depuis 1902. Ce n'est donc pas une mode récente. Cette maladie a été nommée dysfonction cérébrale minime, réaction hyperkinétique de l'enfance et plus récemment trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité ou TDA/H. Le nom actuel reflète l'importance des caractéristiques de l'inattention de la maladie ainsi que les autres caractéristiques telles que l'hyperactivité et l'impulsivité.

les symptômes du TDA/H

Typiquement , les symptômes du TDAH apparaissent dans la petite enfance, avant 7 ans. Plus rarement il arrive qu'ils soient associés à un certain type de lésion cérébrale acquise.  Trois types de troubles de l'attention existent :

TDAH avec inattention prédominante : ( TDAH - I)
  • Ne parvient pas à prêter attention aux détails ou fait des fautes d'inattention .
  • A de la difficulté à soutenir son attention .
  • Ne semble pas écouter .
  • A du mal à exécuter les consignes
  • A des difficultés d''organisation .
  • Evite ou n'aime pas les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu .
  • Perd des choses .

TDAH de type hyperactivité-impulsivité prédominante : ( TDAH - HI )
  • Bouge les mains ou les pieds ou se tortille sur son siège .
  • A des difficultés à rester assis.
  • A du mal à s'engager dans des activités tranquillement.
  • Parle trop.
  • Laisse échapper des réponses avant que les questions soient achevées.
  • A du mal à attendre son tour.


Type TDAH combiné : ( TDAH - C )
  • La personne satisfait les deux ensembles de critères concernant l'inattention et l' hyperactivité / impulsivité .


Les jeunes avec TDA/H sont souvent confrontés à des retards dans leur développement et peuvent donc se comporter de manière plus immature que les autres enfants du même âge11. Le TDA/H est souvent associé avec d'autres troubles, tels que la dépression, l'anxiété ou des troubles d'apprentissage.  Au cabinet de rééducation de l'écriture j'observe une proportion élevée d'enfant diagnostiqués TDA/H parmi les enfants ayant des problèmes de dysgraphie.

Les adolescents atteints de TDA/H présentent un défi particulier . Au cours de leurs années de scolarité, les exigences académiques et organisationnelles augmentent, et leur écriture s'en ressent. En outre, ces jeunes impulsifs sont confrontés à des problèmes typiques des adolescents : la découverte de leur identité, la découverte de l'indépendance, la pression des pairs, et les défis de la conduite adolescente.

La rééducation de l'écriture des enfants TDA/H, même si elle nécessite quelques adaptation en terme de contrôle de la posture et de durée des exercices, se déroule comme pour d'autres troubles d'apprentissage, et donne en général de bons résultats.

Pour aller plus loin :





À quelle vitesse les élèves écrivent-ils en cursive?


écriture cursive scolaire
La vitesse à laquelle les élèves écrivent pose souvent des questions aux enseignants et aux parents. "Ecrit-il assez vite?" est une question qu'on me pose souvent. La réponse que j'aimerai faire est "Assez vite pour quoi faire?" Prendre des notes rapides sous la dictée? Recopier un texte? Ecrire un cours au propre?

Pour prendre des notes au collège ou au lycée, l'élève est sous contrainte de temps, et la lisibité de l'écriture cursive s'en ressent souvent. Pour beaucoup de productions écrites d'élèves, rapidité et lisibilité sont antinomiques (mais pas toujours, certains écrivent très lentement sans que la qualité ne soit au rendez-vous)

La vitesse d'écriture est un enjeu :
  •  pour l'enseignant qui souhaite réduire la durée des phases de prise de notes pour pouvoir continuer la partie active de son cours (ou simplement pouvoir effacer le tableau pour continuer... je le sais, j'ai aussi été enseignante) 
  • pour l'élève qui ne souhaite pas être celui qui ralentit le groupe par sa prise de notes tardive 
  • pour l'élève encore, car ses notes manuscrites sont souvent son principal support de révision 
  • pour l'élève toujours, qui doit écrire suffisamment vite et facilement pour être en mesure d'écouter et de comprendre son professeur
  • pour les parents qui n'ont souvent que la production écrite de l'enfant pour évaluer son implication dans le cours (un cours incomplet est pour eux un signe inquiétant)
Bref, écrire "vite" est un gage de réussite en classe.

Parfois la perception que les enseignants, les parents ou l'élève ont de la vitesse d'écriture est faussée.
Il m'arrive d'avoir en consultation des patients qui pensent écrire lentement alors que leur vitesse d'écriture est tout à fait dans la moyenne, et même certains qui écrivent réellement trop vite.
comment savoir ce qu'il en est réellement? Quelle est la normalité en terme de vitesse d'écriture cursive? Plusieurs chercheurs ont publié les résultats de leurs études sur les élèves européens dans les différentes classes d'âge.

Pour étudier la vitesse d'écriture de manière rationnelle, les chercheurs utilisent des tests normalisés comme par exemple le test BHK , mais aussi les tests dérivés des écoles anglo-sanxones : Handwriting Speed Test (HST) ou l'ETCH-C : evaluation tool of children handwriting - cursive. Le passage par ces tests normalisés est indispensable si on veut comparer les productions de différents élèves, car la vitesse d'écriture varie fortement en fonction du type d'exercice proposé (écriture spontanée, dictée ou recopie) ou des consignes(écrire le plus vite possible ou normalement, en cursive ou en script).

Voici quelques données chiffrées, trouvées dans un tableau récapitulatif  mentionné dans l'ouvrage "troubles de l'écriture chez l'enfant, des modèles à l'intervention" chez de Boeck et Solal.



Notez que les vitesses sont très similaires pour l'écriture cursive dans différent pays européens.






France Suisse Italie Pays-Bas Irlande
CP 10



CE1 24 22 27 25
CE2 34 33 38 35 42-45
CM1 45
48 46 51-58
CM2 46
55 54 55-61
 vitesse (signes par minutes) dans différents pays

Dans l'enseignement secondaire,  la vitesse d'écriture cursive des élèves continue à progresser durant leur scolarité, même après 15 ans.


6ieme 5ieme 4ième 3ième 2de 1ère Term.
Français 66 74 81 86


HST Anglais 73-74 91-100 103-105 105-108 112-118 120-121 122-124
vitesse d'écriture cursive en signes par minute (en secondaire)


Ces valeurs ne sont que des moyennes, et la dispersion à l’intérieur d'une même classe est importante. De plus il ne faut pas oublier que lee test utilisé en France comprend l'écriture d'un texte standardisé de difficulté croissante. On obtient donc en classe des vitesses souvent supérieures avec des dictées de textes de moindre difficulté. En revanche la recopie d'un texte complexe peut prendre plus de temps.


Attention à ne pas confondre vitesse d'écriture et vitesse de déplacement du stylo
Les tests mentionnés si dessous évaluent tous les vitesses d'écriture en nombres de signes par minutes (les chercheurs préfèrent parler de fréquence d'inscription). Comment faire pour accélérer? A première vue, il suffit simplement de bouger plus vite la pointe du crayon pour faire plus de signes dans le même temps. Mais en fait, pour l'écriture cursive, ce n'est pas si simple que cela. Plus la pointe du crayon va vite, plus les dérapages sont possibles, plus l'élève freine et accélère subitement. Prenons l'image d'un autobus : moins il y a d'arrêts sur le trajet, plus le bus ira vite, et cela indépendamment de sa vitesse de pointe. Pourquoi? car lorsqu'on s'arrête, c'est le fait de devoir ralentir pour stopper puis de ré-accélérer au démarrage qui ralentit le voyage et le rend inconfortable... 

Alors, quand doit-on s'inquiéter?
D'un point de vue purement scientifique, il n'y a que si un élève se situe a plusieurs écart-types sous ces moyennes lors d'un test standardisé qu'il faut s'inquiéter d'une lenteur d'écriture. Et même dans ce cas il faudra réunir d'autres critères pour que l'on puisse parler de dysgraphie.


Concrètement, comment puis-je savoir si mon enfant écrit trop lentement?
Pour faire ce type de test, il faut se rendre chez un professionnel.


Maintenant, voici quelques indices qui peuvent vous guider afin de savoir si vous devez vous inquiéter de sa vitesse d'écriture cursive :
-il est toujours le dernier à finir
-il est toujours le premier mais son écriture est illisible
-il passe ses récrés à finir de copier ses leçons
-ses cours sont incomplets
-il n'a pas le temps de finir ses évaluations alors qu'il affirme connaitre les réponses
-quand vous demandez ce qu'il vient d'écrire vous obtenez une réponse du type" je ne sais pas, j'étais en train d'écrire, j'ai pas encore lu "

Si vous pensez être dans un de ces cas, commencez par en parler aux enseignants. Ils ont l'expérience et peuvent comparer par rapport à leurs autres élèves. Si eux aussi pensent qu'il peut y avoir un souci, alors consultez.


Pour aller plus loin :



Bibliographie :
  • Albaret J.M. Kaiser, M.L., Soppelsa,R. (2013): Troubles de l'écriture chez l'enfant : De boeck solal edition