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lundi 27 février 2012

Diagnostiquer la dysgraphie

dysgraphie écriture café
Le diagnostic de dysgraphie est plus compliqué qu'il n'y parait au premier abord. "Mon enfant est-il dysgraphique? " me demande-t-on souvent au cabinet. Aussi surprenant que cela puisse paraître, je ne suis pas en mesure de répondre seule à cette question.

Dans l'esprit de beaucoup de monde, dysgraphie est juste un synonyme de "il écrit mal". Si seulement c'était si simple!

En réalité, un diagnostic de dysgraphie ne peut être posé que par une équipe pluridisciplinaire. Imaginons quelques cas pour mieux comprendre. Dirait-on d'un enfant malvoyant qu'il est dysgraphique s'il écrit gros et sans suivre les lignes? Non bien sûr. On dirait surtout qu'il est malvoyant et que son problème de vue retentit sur son écriture. Dirait-on d'un enfant avec un très grand retard mental ou encore d'un enfant autiste qu'il est dysgraphique? Non. On dirait qu'il a un retard de développement tel qu'il ne peut accéder à l'écriture cursive aussi faccilement qu'un autre enfant. On ne parlerait pas de dysgraphie.

Est considérée comme dysgraphique, toute personne dont la qualité de l'écriture est déficiente alors qu'aucun déficit neurologique ou intellectuel n'explique cette déficience.

Il faut donc en théorie l'avis d'un neuropédiatre, d'un psychologue, d'un ophtalmologiste, d'un orthoptiste et d'un rééducateur en écriture pour poser un diagnostic de dysgraphie.

Cela dit, il n'est pas besoin d'être grand clerc pour remarquer si son enfant souffre dans son écriture ou a des difficultés à se conformer au modèle d'écriture cursive. Il est normal d'avoir envie de faire quelque chose pour l'aider : les parents et enseignants sont les mieux placés pour s'en rendre compte et se sont eux qui tirent la sonnette d'alarme, toujours à bon escient d'ailleurs. 

Si dans les cas graves le diagnostic précoce est important pour permettre un bon suivi de l'enfant et pour aider à la mise en place d'aides adaptées en milieu scolaire, dans l'immense majorité des cas l'enfant n'a pas de  réel handicap, mais juste des difficultés d'apprentissage transitoires avec l'écriture. Dans d'autres cas, ce n'est pas le diagnostic de dysgraphie en lui même qui est important, mais plutôt le diagnostic du trouble à la base du problème : une dyspraxie par exemple ou encore un handicap consécutif à un accident vasculaire cérébral.

De mon point de vue, au lieu de se focaliser sur un diagnostic lorsque le problème porte exclusivement sur l'écriture ("Oh, tout va très bien à l'école vous savez, c'est juste l'écriture qui pose problème") il est plus utile de consulter rapidement un rééducateur en écriture compétent. Selon toute vraisemblance, il sera en mesure d'aider votre enfant en commençant immédiatement une rééducation. S'il le juge nécessaire, il vous aiguillera vers une équipe médicale à même de poser un diagnostic en parallèle.

Si vous suspectez chez votre enfant  un handicap plus vaste que simplement un problème d'écriture, le fait de poser le diagnostic précis de ses difficultés, permettra en plus de la rééducation de l'écriture de mettre en place les aides selon la priorité des besoins.

Une rééducation bien menée par un rééducateur expérimenté est très efficace, même sur des enfants ayant un handicap avéré (dyspraxie, trisomie, grande prématurité, problème neuro-visuel...).

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